Emmené par le commandant Fatoma Coly, le front Nord Diakaye est ainsi la première des quatre factions du Mouvement des forces démocratiques de Casamance (MFDC) à procéder au dépôt des armes.

Celui-ci intervient deux mois après la signature de l’Acte II de l’Accord de paix conclu le 10 mars dernier à Cabrousse, aux termes duquel la faction de Diakaye s’est engagée à déposer les armes contre des garanties de l’État du Sénégal de prise en charge des combattants, de leurs familles et de réparations aux communautés affectées par plus de quarante ans de conflit en Casamance. 

Pour ce faire, Le Mouvement contre les Armes Légères en Afrique de l’Ouest (MALAO), une ONG africaine indépendante, a été désignée par les parties pour la supervision des opérations de dépôt des armes.

« C’est une étape importante de bientôt 10 ans d’efforts discrets pour faciliter des pourparlers de paix entre l’État du Sénégal et les combattants de Casamance, mais cela n’est pas la fin de nos efforts, » a déclaré Mame Khady Diouf, cheffe de mission du Centre HD au Sénégal.

« Lorsque les deux autres factions du MFDC auront déposé les armes, que les combattants et leurs familles seront réintégrés à la vie civile et qu’un travail mémoriel aura été accompli, nous pourrons enfin déclarer la paix en Casamance. »

Facilité par le Centre pour le dialogue humanitaire (HD) et la Coordination Sous Régionale des Organisations de la Société Civile pour la Paix en Casamance (COSCPAC), l’Acte III a été signé à Mongone le 13 mai 2023.

Il marque officiellement le dépôt effectif des armes par les combattants de Diakaye et l’engagement de l’État du Sénégal à appuyer un programme d’insertion des ex-combattants par des actions de dialogue, de pardon et de réconciliation. La possibilité d’accorder la grâce aux détenus membres du MFDC sera également examinée.

L’État s’engage enfin à élaborer, dans la zone de Diakaye, un programme de désenclavement et de réalisation d’infrastructures communautaires de base en lien avec les programmes de développement en faveur de la Casamance.

« Ce processus de paix est une lueur dans les ténèbres des conflits qui embrasent le Sahel. Il démontre que seule une stratégie combinée de négociations, de développement, de décentralisation et de sécurité peut mettre fin aux insurrections identitaires, » estime Alexandre Liebeskind, directeur régional Afrique francophone du Centre HD. 

Voir le reportage de la Radio Télévision Sénégalaise sur la cérémonie ici.

Lire la déclaration de l’Union européenne ici.

Photo :  Fatoma Coly, Commandant de la Faction de Diakaye Front Nord, serrant la main à l’Amiral Papa Farba Sarr, Coordonnateur du Comité Ad Hoc, accompagnés de Lamine Coly, Coordonnateur de l’Initiative pour la réunification des ailes politiques et armées du MFDC, et Mame-Khady Diouf de HD.

Contexte

Depuis 2014, HD travaille avec toutes les parties au conflit et les acteurs influents afin de créer des espaces de négociation inclusifs et légitimes entre le gouvernement et le MFDC. 

Dans cet esprit, HD assure également la médiation des négociations entre les fronts emmenés par le général César Atoute Badiate, figure historique du Mouvement, et l’État du Sénégal.

Le 4 août 2022, ils signaient sous les auspices de la Guinée Bissau une feuille de route d’un dépôt des armes et se sont engagés à travailler à un retour à la paix. Lire l’article ici.

Le conflit en Casamance, une région séparée par la Gambie du reste du Sénégal, a été alimenté par un sentiment de marginalisation politique et économique. Survenu dans les années 1980, le conflit casamançais est le plus vieux différend non résolu sur le continent africain. L’action de HD au Sénégal est soutenue par l’Union européenne. 

Le Centre pour le dialogue humanitaire

HD est une organisation internationale de diplomatie privée basée à Genève œuvrant à la prévention et à la résolution des conflits armés par le dialogue et la médiation.

Guidée par les principes d’indépendance, de neutralité, d’impartialité et d’humanité, le Centre HD travaille exclusivement avec des médiateurs africains en Afrique afin de favoriser des solutions adaptées à ses contextes d’intervention.